La flexibilité en entreprise : un levier de performance

Silvia Galo
La flexibilité en entreprise : un levier de performance

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Le replay

Cet article est une synthèse du live. Rien ne vaut le visionnage complet. ☕ Un grand merci à Anaïs et à Jonathan Salmona.

Dans un monde où les attentes des salariés évoluent rapidement, la flexibilité s’impose comme un pilier essentiel des politiques RH modernes.

Mais comment la rendre réellement impactante, au-delà des clichés sur le télétravail ou les gadgets RH ?

Jonathan, cofondateur de Shodo, a partagé une vision concrète et innovante de la flexibilité en entreprise. À travers des initiatives audacieuses et des pratiques documentées, Shodo prouve qu’il est possible d’allier performance, bien-être et justice sociale. Ce modèle, fondé sur la co-construction et l’innovation sociale, offre de nombreuses inspirations pour les entreprises de tous secteurs.

Une approche co-construite de la culture d’entreprise

Pour Jonathan, la co-construction est le fondement d’une culture d’entreprise forte. Cette démarche implique de sonder les attentes des collaborateurs et de les intégrer dans l’élaboration des politiques internes. En faisant émerger une culture d’entreprise partagée, Shodo permet aux candidats potentiels de mieux comprendre si leurs valeurs s’alignent avec celles de l’organisation. Cette transparence favorise des recrutements réussis et limite les départs liés à un mauvais alignement culturel.

Cependant, Jonathan reconnaît que formaliser une nouvelle culture d’entreprise peut entraîner des pertes. Certaines personnes peuvent quitter l’organisation si elles ne s’identifient pas aux valeurs identifiées. Pourtant, ce processus de tri naturel est bénéfique à long terme : il renforce la cohérence interne et attire des talents intéressés par le projet d’entreprise.

“Quand tu fais émerger une culture de boîte, le but c'est de faire en sorte que les personnes qui se reconnaissent dans tes valeurs puissent postuler et se sentir bien. Et puis aussi de faire gagner du temps à tout le monde si de manière assez claire les personnes qui ne se reconnaissent pas chez toi, ne viennent pas.

Il ne faut pas avoir peur de perdre des gens momentanément quand tu fais un switch de culture, quand tu mets en place une culture de boîte, parce que tu peux plaire à tout le monde.” Jonathan

Des mesures concrètes pour favoriser l’inclusion et le bien-être

Lutter contre le turnover et recruter plus de femmes

La tech est un secteur encore largement masculin, et Shodo s’engage activement à changer cette dynamique. En 2022, un cercle féminin indépendant a émergé au sein de l’entreprise, permettant aux collaboratrices de proposer des idées pour rendre Shodo plus inclusif. Parmi les mesures adoptées figurent :

  • Le congé menstruel, financé par une cagnotte anonyme gérée entre collaboratrices.
  • Le congé paternité obligatoire, permettant aux salariés masculins de prendre un mois de congé pour équilibrer la charge mentale familiale.
  • Le congé second parent, soutenu par une prime de maintien de salaire, pour permettre aux familles de mieux gérer le retour au travail après une naissance.

Ces initiatives ont eu des résultats mesurables : en moins d’un an, le nombre de candidatures féminines a doublé, et la proportion de femmes dans l’entreprise est passée de 13 % à 19 %. Cette démarche montre que des actions concrètes peuvent transformer une culture organisationnelle et améliorer la diversité.

Supprimer la période d’essai pour plus de stabilité

Depuis plus de deux ans, Shodo a supprimé la période d’essai pour ses CDI. Cette mesure vise à réduire la précarité, en particulier dans un secteur où elle n’est pas nécessaire. Bien que certains critiquent cette décision, Jonathan souligne qu’elle renforce la confiance entre employeurs et salariés. Elle encourage également des profils plus vulnérables, comme les parents isolés, à envisager des transitions professionnelles en toute sérénité.

“Par défaut il n'y a pas de période d’essai dans nos contrats. Par contre, on pourrait très bien avoir une collaboratrice ou un collaborateur qui me dirait, moi, quand même, j'ai envie d'avoir une période d’essai dans mon contrat et auquel cas, on ne pourrait pas s'opposer à le faire.

Pourtant en plus de deux ans, on a eu zéro personne qui nous demandait une période d’essai. Ça ne se produit pas parce qu'on produit, depuis le début, du contenu marque employeur sur plein de canaux différents ce qui fait que les gens peuvent se mettre dans le bain avant de postuler.” Jonathan

Redistribuer les ressources pour encourager la flexibilité

Shodo adopte une approche innovante pour redistribuer les excédents de marge brute de l’entreprise. Cette redistribution se fait selon un modèle équitable :

  1. Temps libre professionnel, pour que les collaborateurs puissent se former ou faire de la veille sur leur temps de travail.
  2. Congés supplémentaires, offrant plus de jours de repos à ceux qui en ont besoin.
  3. Bonus financiers, pour récompenser les efforts des collaborateurs.

Ce modèle met l’accent sur le bien-être sans compromettre la performance économique. De plus, Shodo a introduit des congés d’ancienneté illimités, permettant aux salariés de cumuler des jours de repos supplémentaires chaque année, sans plafond. Cette politique reflète une philosophie selon laquelle « l’abondance de bien ne nuit jamais » : les collaborateurs doivent pouvoir prendre des pauses sans stress.

La semaine de 4 jours pour les profils non-techniques

Si les développeurs bénéficient de nombreuses mesures de flexibilité, Shodo pense également à ses équipes non-techniques. Pour ces profils, l’entreprise a instauré la semaine de 4 jours. Cette organisation repose sur la conviction que les tâches opérationnelles peuvent être accomplies efficacement en quatre jours.

“On l’a fait ça parce qu'on est persuadés que tu peux faire de l'opérationnel 4 jours en étant efficace. Si tu as une urgence business sur ton temps de repos, elle peut attendre le lundi, soit tu la forwardes, ... on reste sur de la bonne intelligence.” Jonathan

Des initiatives copieusement documentées

L’une des forces de Shodo réside dans la transparence de ses pratiques. L’entreprise documente toutes ses initiatives sur son site web, offrant une ressource précieuse pour d’autres organisations. Jonathan insiste sur le fait que ces pratiques ne sont pas seulement réservées à la tech : avec des ajustements, elles peuvent être adaptées à d’autres secteurs.

Grâce à cette transparence, Shodo a construit une marque employeur forte. La plupart des recrutements se font via des candidatures spontanées ou de la cooptation, sans avoir besoin de campagnes intensives. De plus, l’entreprise affiche un turnover remarquablement bas : en cinq ans, seuls sept départs ont été enregistrés, un chiffre bien en dessous de la moyenne dans leur secteur.

“Le bien-être, c'est quelque chose qui est mesurable, contrairement au bonheur qui est super subjectif. En termes de flexibilité, on va couvrir des aspects qui sont liés à la politique de rémunération, au partage de la valeur, on va aussi s'intéresser aux usages dans la collaboration, à tous les avantages qui vont faire que l'entreprise va permettre à ses membres de se sentir bien et donc d'être performants dans leur travail. Ça va au-delà du côté organisationnel.” Jonathan

Dans la Tech et au-delà, la flexibilité peut se décliner à tous les secteurs d’activités

Le modèle de Shodo montre qu’il est possible de redéfinir la flexibilité pour en faire un levier puissant de performance et de bien-être. En adoptant des pratiques innovantes, inclusives et documentées, l’entreprise illustre qu’une autre voie est possible : celle d’une culture d’entreprise construite autour de la justice sociale, de l’écoute et de l’équité.

Que vous soyez dans la tech ou dans un autre secteur, les initiatives de Shodo offrent des pistes concrètes pour réinventer vos politiques RH. Alors, pourquoi ne pas vous en inspirer et adopter une flexibilité adaptée à vos valeurs ?

“C'est pour ça aussi que je suis ravi de passer ce moment avec vous, parce que ça permet de partager des pratiques, de dire qu'une autre voie est possible.C'est plus facile de le faire dans les entreprises de la tech, c'est une évidence.  Mais il y a d'autres façons de le faire ailleurs aussi.Sans être dogmatique, mais en travaillant avec des curseurs un peu différents, on peut aussi faire des choses en dehors de la tech.” Jonathan

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À propos de l'auteur·e
Silvia Galo
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Content Manager chez Taleez, je vous livre les réflexions et les actions concrètes en RH au travers des retours d'expérience de professionnels inspirants. 🙌