L'IA & RH : Au-delà du mythe et de la hype. Démystifions le sujet

Cet article est une synthèse du troisième épisode de la série Etage RH. Rien ne vaut le visionnage complet.
🍿Merci à Hélène, Marie-Sophie, Arnaud, Anaïs, Loubna, Sandrine, Bérangère, Yas&fan.

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L'intelligence artificielle est sur toutes les lèvres. Source de fantasmes pour les uns, d'inquiétudes pour les autres, elle s'installe progressivement dans nos vies et nos bureaux. Faut-il s'en méfier comme d'une menace ou l'accueillir comme une alliée ? La question n'est plus de savoir si nous devons l'utiliser, mais bien de comment nous pouvons bien l'utiliser. Cet synthèse d’épisode vous propose de démystifier le sujet en explorant les applications concrètes de l'IA, les garde-fous nécessaires à sa mise en place, et la place que l'humain occupera dans le monde de demain.

Concrètement, on fait quoi avec l'IA aujourd'hui ?

Si le concept d'IA remonte aux années 50, c'est l'explosion récente des IA génératives (comme ChatGPT, Midjourney, Gemini, Claude, Mistral …) qui a placé le sujet au centre de toutes les attentions. Ces outils, capables de créer du texte, des images ou du code à partir d'une simple consigne (un "prompt"), ouvrent de nouvelles perspectives, notamment dans le domaine des Ressources Humaines.

Loin d'être de la science-fiction, l'IA est déjà un partenaire potentiel pour de nombreuses missions :

Rédaction de fiches de poste et d'offres d'emploi.
Préparation de trames d'entretiens structurés.
Analyse et synthèse de CV pour un premier tri.
Retranscription et résumé de comptes-rendus d'entretiens.
Automatisation de tâches administratives et analyse de données internes.

Cependant, et quand il s’agit d’IA globalement (pas juste quand il est question d’IA générative) un scepticisme demeure. Ces outils de "scoring", "matching", etc. ne sont-ils pas une nouvelle version de solutions que l'on nous promet révolutionnaires depuis 30 ans ? Le risque est bien réel : que le temps gagné soit réalloué à du reporting plutôt qu'à des tâches à forte valeur ajoutée humaine. Avant de se jeter sur l'IA, il est donc crucial de maîtriser les fondamentaux : une culture d'entreprise solide, des budgets définis et, surtout, la formation des équipes. L'IA ne sauvera personne, mais elle peut, si elle est bien pilotée, réellement faciliter le quotidien.

L'IA oui, mais pas n'importe comment : l'importance du cadre

Intégrer l'IA n'est pas qu'un projet technologique, c'est avant tout un projet de conduite du changement qui concerne toute l'entreprise. Pour éviter les dérives, il est indispensable de poser un cadre clair et des règles du jeu précises.

Ce cadre doit s'articuler autour de plusieurs piliers :

Légalité et Éthique : Le respect du RGPD et des régulations comme l'IA Act est non négociable. Une réflexion sur l'éthique et la transparence doit être menée.
Gouvernance : La création d'une charte d'utilisation de l'IA, co-construite par les RH, le service informatique et les équipes métiers, est un excellent point de départ. Loin d'être un document destiné à finir au fond d'un tiroir, elle doit servir de guide pratique et rappeler des principes de base.
Vigilance : Il ne faut jamais faire une confiance aveugle à l'IA. Elle peut se tromper, "halluciner" (inventer des informations), mentir et, surtout, reproduire et amplifier les biais humains. Un algorithme n'est que le reflet des données sur lesquelles il a été entraîné et de la vision de ses créateurs. Sans supervision humaine, il n'a aucune notion du bien ou du mal.

La meilleure approche consiste à déléguer à l'IA des tâches que l'on maîtrise déjà, afin de pouvoir vérifier la pertinence de son travail. Former les équipes, apprendre à distinguer les bons outils et, par-dessus tout, développer l'esprit critique sont les clés pour collaborer avec l'IA sans la subir.

Et demain ? Redéfinir la place de l'humain

Malgré les progrès fulgurants, les IA actuelles restent limitées.

Deux paradoxes nous l’illustrent :

Le paradoxe de Moravec : une IA peut nous battre aux échecs, en calcul …, mais des tâches aussi simples pour nous que faire ses lacets ou attraper une balle sont bien plus difficiles à apprendre et à réaliser pour elle.
De même, le paradoxe de Polanyi rappelle que nous savons faire une multitude de choses sans pouvoir expliquer précisément comment (elles dépassent notre compréhension explicite). Il est donc impossible de tout apprendre à une machine.

Alors, quel est notre rôle dans ce nouveau paysage ? Il est de nous concentrer sur ce que nous faisons infiniment mieux qu'elle :

Comprendre les gens et leurs émotions.
Créer du lien social et de la confiance.
Faire preuve de créativité et d'esprit critique.

L'enjeu n'est pas de résister à la technologie, mais d'évoluer avec elle. En restant curieux, adaptables et vigilants, nous ne serons pas remplacés. Au contraire, nous pourrons nous dédier à des missions où notre humanité fait toute la différence.

Conclusion : Gardons la main

L'intelligence artificielle n'est ni une amie inconditionnelle ni une ennemie à abattre. Elle est un outil puissant, dont l'impact dépendra entièrement de l'usage que nous en ferons. En adoptant une approche équilibrée, en posant des cadres clairs et en investissant dans les compétences humaines, nous pouvons démystifier l'IA et en faire un véritable levier de progrès.

L'objectif est simple : garder la main, pour s'assurer que la technologie reste au service de l'humain, et non l'inverse. Après tout, il serait dommage que l'un de nos collègues s'interrompe en pleine réunion pour cause de... "Redémarrage système en cours".