Marque employeur et loi Pacte : la loi au service de l’attractivité de l’entreprise
La finalité de l’entreprise, c’est quoi ? Voilà une question fort intéressante ! Jusqu’en 2019, le Code civil se contentait de mentionner l’entreprise sous l’angle des associés et des actionnaires. Oui, vous l’avez deviné… Il laissait de côté les autres parties prenantes, comme les fournisseurs, les partenaires, les clients et les candidats. Nada ! Bien sûr, concernant les enjeux environnementaux et sociétaux, les entreprises devaient se référer aux différents référentiels et lois non codifiées. Ainsi, la loi Pacte de 2019 est venue entériner de nombreuses obligations déjà existantes. Mais ce n’est pas tout ! Car la loi Pacte a rendu un fier service à nos amis RH en renforçant la marque employeur. Miroir de l’entreprise, celle-ci constitue un levier fondamental. Eh oui ! On imagine mal les talents de demain se bousculer aux portes d’une société qui fait fi de la protection de l’environnement et de l’escalade des inégalités… A-t-on titillé votre curiosité ? Pour vous, je décrypte la recette à succès marque employeur et loi Pacte !
Marque employeur et loi Pacte, un crescendo d’engagement sociétal
Le réchauffement climatique, à l’instar de la qualité de vie au travail, constitue l’une des préoccupations majeures de cette décennie. À ce titre, une multitude d’interrogations se pose : les objectifs du développement durable doivent-ils être placés au cœur de l’entrepreneuriat ? Quelle est la responsabilité des entreprises vis-à-vis de la société ? Depuis les années 50, diverses réflexions ont été menées sur la question de la finalité de l’entreprise. La plus aboutie a fait l’objet d’une loi, connue sous le nom de loi Pacte.
Palier n° 1 : la RSE
Pour commencer, repensons la place des entreprises dans la société. Voilà la priorité de ce texte de loi ! Ses articles 169 à 192 se consacrent à cette lourde tâche. En effet, ceux-ci ont complété les articles de différents codes, comme le Code civil et le code de commerce. En bref, les dispositions de la loi Pacte approfondissent et donnent un sens plus profond au concept d’entreprise, à l’image de :
- notre contexte social, économique et culturel ;
- l’évolution des mœurs et des mentalités.
C’est ainsi que l’article 1833 du Code civil précise désormais que « la société est gérée dans son intérêt social, en prenant en considération les enjeux sociaux et environnementaux de son activité. » À un moment donné, il devient impératif de faire évoluer les textes légaux. Ici, les nouvelles dispositions reflètent la prise de conscience sociétale. Comment les sociétés pourraient-elles se soustraire à la mise en œuvre d’une démarche de responsabilité ?
La volonté du législateur est d’imposer à toutes les entreprises de tenir compte des objectifs de développement durable, tant dans leur vision que dans leur processus décisionnel. Il peut s’agir de prendre des mesures pour réduire son empreinte carbone ou, encore, d’accroître le bien-être au travail de ses collaborateurs.
En d’autres termes, il s’agit du couronnement de la RSE, ou responsabilité sociétale des entreprises, qui fait son entrée dans le Code civil. Dans une volonté d’uniformisation et d’inclusion de toutes les parties prenantes, ces nouvelles dispositions marquent le début d’une nouvelle ère.
Pour ce faire, la notion d’intérêt social a fait son apparition. Pour l’instant, celle-ci ne fait pas l’objet de définition juridique : elle est donc laissée à la libre appréciation des juges. Vous l’aurez compris, la loi Pacte implique également une part d’inconnu. C’est pourquoi les sociétés ont tout intérêt à s’aligner avec le droit actuel.
De plus, ensemble, marque employeur et loi Pacte s’érigent en un véritable moteur au service du recrutement de talents. En effet, la mise en exergue de la RSE, ou responsabilité sociale, permet à la fois de cultiver, consolider et soigner votre image de marque. Aujourd’hui, les candidats sont en quête de structures qui partagent leurs convictions profondes, telles la diversité et l’inclusion en entreprise.
Palier n° 2 : la raison d’être de l’entreprise
Toutes les entreprises ne sont pas sur un pied d’égalité en termes de RSE. Oui, certaines sont plus enclines que d’autres à intégrer leur politique RSE dans leur processus stratégique et décisionnel. Disons-le franchement : d’autres ne se sentent pas véritablement concernées.
Pour autant, en sus de la simple prise en compte des enjeux sociétaux et environnementaux, le législateur a prévu une innovation : la raison d’être de l’entreprise. Optionnelle, celle-ci vient compléter les articles 1835 du Code civil et L225-64 du code de commerce. Mais que revêt cette notion, exactement ?
- Les entreprises qui le souhaitent peuvent intégrer une raison d’être dans leurs statuts. Il s’agit d’une ligne de conduite, un véritable engagement pris vis-à-vis de ses parties prenantes. Cela va au-delà de la simple prise en compte des objectifs RSE.
Votre entreprise est dépourvue de raison d’être ? Toutefois, vous souhaitez connaître les clés pour mettre des mots sur votre projet d’entreprise ? Je vous explique tout !
Les organismes ORSE et CD3 ont mis en place un guide destiné à épauler les sociétés dans l’application des dispositions de la loi Pacte. Pour rédiger la raison d’être de votre structure, celle-ci doit rassembler 4 critères :
- La pertinence. Interrogez-vous sur le lien entre votre raison d’être et les enjeux de votre entreprise. Prenez également en considération votre secteur d’activité.
- L’ambition. Dans tous les cas, votre raison d’être doit faire état d’une utilité sociétale, c’est-à-dire qu’elle doit servir l’intérêt public.
- L’orientation. Votre raison d’être doit énoncer le cap poursuivi par l’entreprise. Dans la pratique, elle doit permettre de prendre des engagements véritables. Autrement dit, l’entreprise doit être en mesure de les respecter.
- L’impact. Votre raison d’être ne doit pas se contenter de satisfaire les parties prenantes. Elle doit avant tout opérer une refonte de votre modèle d’entreprise. En d’autres termes, elle doit s’imbriquer dans tous les pans de votre activité et de la vie d’entreprise.
Raison d’être et RSE ne sont-elles pas synonymes ? En tout cas, ces deux notions s’avèrent extrêmement liées : la raison d’être renforce votre implication en matière de RSE ! Intégrer une raison d’être vous engage, à vos risques et périls. Si celle-ci s’avère authentique, vous ne rencontrerez aucun problème. Gardez à l’esprit que la raison d’être contribue à la croissance de votre réputation et de votre notoriété auprès des futurs postulants.
Quel est l’intérêt de booster sa marque employeur ? Pour vous, mesdames et messieurs les recruteurs, l’enjeu est de taille. Vous n’aurez plus besoin d’aller dénicher les talents, ils viendront directement à vous !
Palier n° 3 : la société à mission
Envie de dépasser la simple raison d’être et de mettre les bouchées doubles ? C’est tout à fait possible. En effet, la loi Pacte vous offre l’opportunité de devenir une société à mission ! Cette qualité peut être octroyée à toute entreprise. Pour l’obtenir, cette dernière doit respecter les critères énoncés à l’article L210-10 du code de commerce, parmi lesquels :
- définir sa raison d’entreprise et ses objectifs RSE ;
- mettre en place un comité de suivi ;
- mandater un organisme tiers pour procéder à la vérification de la mission ;
- etc.
Pourquoi revendiquer le titre de « société à mission » ? Ici, l’attractivité de l’entreprise s’avère décuplée. Oui, l’entreprise est responsable et soucieuse des enjeux modernes ! Cette volonté vise à renforcer sa démarche RSE. De la même façon, elle consolide les fondations de la marque employeur. Imaginez la situation suivante :
- Un salarié souhaite se challenger et rejoindre une nouvelle entreprise. Il est ce que l’on appelle « un profil rare ». Vous le conviez à un entretien. Résultat : un franc succès ! À présent, il doit faire un choix entre plusieurs entreprises qui souhaitent le recruter. Qui va-t-il choisir ? L’entreprise lambda, sans essence particulière, ou vous, l’entreprise qui souhaite se démarquer et apporter de la valeur ? En plus d’être sexy, la qualité de la société à mission apporte tout autant de crédibilité que d’authenticité.
En 2021, l’on dénombrait plus de 250 sociétés à mission en France. Grâce à la démarche mise en place, vous construisez en réalité une culture d’entreprise originale. Celle-ci constitue votre signe distinctif dans la jungle des entreprises, là où la concurrence fait rage.
De plus, vous fédérez vos équipes autour d’une ambition commune : cela crée du lien et cela accroît par ricochet les performances économiques de votre organisation. Parmi les sociétés à mission, vous trouverez notamment :
- Phitrust ;
- Greenweez ;
- Le Slip Français ;
- Léa Nature ;
- Danone ;
- etc.
La raison d’être au cœur du processus de recrutement
N’ayons pas peur des mots ! Le concept d’entreprise française manquait cruellement de substance. Avant la loi Pacte, on ignorait tout de son utilité et de son but.
La contribution à l’intérêt commun
D’une génération à l’autre, les priorités changent. De nos jours, les jeunes souhaitent voir naître des structures qui prennent en compte l’intérêt général. Bien sûr, les postulants à un emploi ont également des exigences individuelles. Néanmoins, cela ne les empêche pas d’être sensibles aux impératifs sociétaux.
Par ailleurs, le réchauffement climatique fait partie des préoccupations actuelles des moins de 30 ans, loin devant le chômage par exemple. Ainsi, le message est limpide : on ne lésine pas avec la transition écologique ! Le principe s’applique également aux enjeux sociaux, tels que l’égalité des genres et des rémunérations. Aujourd’hui, c’est à l’entreprise de s’adapter et de répondre aux exigences des nouvelles générations.
À l’instar des investisseurs, les talents fouillent chaque recoin du monde de l’entreprise dans l’espoir de dénicher la perle rare. Par exemple, il peut s’agir d’une entreprise qui :
- Prend des engagements RSE concrets. Transparence des salaires, égalité des traitements, capital humain… Voilà autant de mesures qui favorisent l’attractivité d’une entreprise.
- Prend mesure de son rôle sociétal. Oui, les entreprises qui se veulent responsables gagnent à être reconnues. Une étude Cadremploi menée en 2019 précise que 78 % des cadres intermédiaires incluent la problématique environnementale dans leur choix d’entreprise.
La quête de sens du projet d’entreprise
La chasse aux profils ? Bof. Tous les services RH n’apprécient pas ce genre de pratique. Toutefois, chacun s’accorde à dire qu’attirer de nouveaux talents constitue une priorité absolue. Alors, comment s’y prendre ?
Commençons par l’essentiel, voulez-vous ? La question du sens se détermine individuellement. Il appartient à tout un chacun de le définir comme il l’entend. Ainsi, certains candidats ou salariés trouvent du sens dans le travail d’équipe. D’autres s’attachent aux valeurs de l’entreprise ou à la qualité du produit vendu. Ainsi, se constituer une raison d’être permet au candidat d’y voir plus clair :
- La vision de l’entreprise lui correspond-elle ?
- Ses valeurs sont-elles en adéquation avec celles portées par l’entreprise ?
- Se sentira-t-il fier d’appartenir à cette société, de la représenter ?
Le sens du travail n’est pas à prendre à la légère. En réalité, il contribue à l’accroissement de la productivité et, ainsi, à son succès. Nombreux sont les salariés dont la motivation s’étiole lorsque le sens du travail leur échappe. Soyez donc vigilant. Renforcer votre marque employeur est une chose : veillez surtout à ce qu’elle soit véritable et sincère. Il serait tout à fait contreproductif de mettre en évidence des arguments biaisés pour attirer quelques talents.
Demeurez honnête et fidèle dans votre démarche et dans les valeurs que vous portez. Construire sa réputation est une entreprise difficile, mais il n’y a rien de plus aisé que de l’entacher.
La mise en exergue d’éléments de différenciation
En matière de recrutement, se démarquer est bien souvent nécessaire. Prenons un exemple. Pour être embauché, un candidat doit avoir ce que les autres n’ont pas. En bref, il doit se distinguer du reste des candidatures. N’est-ce pas la même chose pour les entreprises ?
Fini le sourcing à gogo ! À l’heure où les talents candidatent spontanément dans les entreprises qu’ils sélectionnent eux-mêmes, celles-ci ne peuvent plus se permettre d’être communes. Aujourd’hui, se doter d’une raison d’être constitue un élément de différenciation. Encore mieux, le titre de société à mission ! À l’avenir, le contenu des raisons d’être sera épluché et constituera une arme au service de la sélection des futurs talents !
La raison d’être de l’entreprise… en pratique !
Recruteurs ! Pour achever de vous convaincre, je vous propose 5 raisons d’être d’entreprises. Quand vous les lirez, posez-vous la question suivante : « cela me donne-t-il envie de m’impliquer au sein de cette société ? ».
- Omeva. « Permettre à l’Homme d’avoir un impact positif sur son environnement par le travail. »
- Macif. « Nous mobilisons nos valeurs mutualistes et nos savoir-faire pour protéger le présent et permettre l’avenir, pour nous tous et les générations futures. »
- Danone. « Apporter la santé par l’alimentation au plus grand nombre. »
- Deck & Donohue. « Créer des expériences gustatives inspirantes : porteuses de sens et créatrices de liens. »
- PourquoiPasMoi. « La société existe pour permettre aux personnes d’écouter leur petite voix, leur donner les clés pour passer à l’action et (re) trouver du sens dans leur vie. »
Difficile de recruter dans les métiers en tension ? Comme nous vous comprenons. N’ayez crainte, toutefois. Le duo marque employeur et loi Pacte facilite cette tâche ardue. L’authenticité demeure un facteur phare du processus de recrutement. Un conseil, prenez votre temps ! Élaborez une démarche impactante, structurée et, le plus important, sincère. Quelle que soit la situation, votre marque employeur doit résonner ! Ses fondations doivent être solides. Elle doit être capable de résister aux vents et marées, au tumulte, aux crises nationales et mondiales… Bâtissez une entreprise résiliente, recrutez des talents qui épousent vos valeurs et, ensemble, construisez le monde d’après !