Prendre soin des recruteurs n'est pas facultatif, c’est urgent

Bérangère Gonzalez
Prendre soin des recruteurs n'est pas facultatif, c’est urgent

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Hello Hello 👋,

Je suis ravie de vous retrouver pour un nouvel article ! Ce mois-ci, on va parler d’un sujet qui me tient particulièrement à cœur : le bien-être des recruteurs 💙. C’est probablement la thématique la plus importante à mes yeux tant j’ai conscience de ce que ça fait d’être un recruteur mal dans ses baskets.

Quand on sait qu'un recruteur sur 3 envisage de changer de métier (étude Aptitude Research), il est temps de se poser les bonnes questions. On ne peut pas parler d'expérience candidat sans parler d'expérience recruteur. On ne peut pas affirmer que la fonction des recruteurs est stratégique sans envisager de considérer leur bien-être au global. Parce que la question est simple : si les recruteurs désertent leur fonction, qui assurera la croissance (voire l'hypercroissance) des entreprises ? Dans cet article, je vous parle des problématiques que rencontrent les recruteurs aujourd'hui et des pistes de réflexion à avoir.

C’est parti !

Recruteur : un métier encore trop peu (re)connu et valorisé

Problématique n°1 : Les recruteurs le deviennent par hasard

100% des recruteurs interviewés sur le podcast "Tous Recruteurs" disent l'être devenus par hasard. Certes, c'est une toute petite partie de la population des recruteurs, mais c'est aussi ce qu'on lit un peu partout quand on creuse ce sujet. Une étude de Fox RH de 2017 énonçait plus officiellement le chiffre de 67% de recruteurs formés sur le tas.

Les recruteurs le deviennent par hasard

Que doit-on comprendre de ce choix qui n’en est pas un au départ ?

  • Le métier de recruteur n'est pas le plus attractif (dernière roue du carrosse)
  • Ce n'est pas un métier suffisamment représenté (quel role model ?)
  • L'offre de formation initiale est quasi inexistante (au profit des RH / commerciaux ?)

Et ça, c'est un problème.

Recruteur est en effet un métier qui ne demande pas forcément de diplôme ni de formation académique. Tout le monde peut a priori devenir recruteur s’il le décrète. Cette porte d'entrée est à la fois une bénédiction et une malédiction, car si tout le monde peut l'être, qu'elle est la réelle valeur ajoutée à cette fonction ?

Problématique n°2 : Le quotidien des recruteurs est loin d'être fun

À quoi ressemble le quotidien d'un recruteur ? Loin de moi l'envie de faire des généralités sur le sujet car tout dépend bien sûr du contexte (entreprise, métiers ciblés) et de la spécialisation du recruteur. On ne peut pas comparer par exemple le quotidien d'un sourceur et celui d'un Talent Acquisition Manager. Toujours est-il qu'un certains nombres de tâches opérationnelles incombent aux recruteurs, tâches dites chronophages :

  • Le sourcing
  • Le tri des candidatures reçues
  • La rédaction et la diffusion d'annonces
  • La réalisation d'entretien d'évaluation
  • L'entretien et l'animation du vivier
  • Le feedback aux candidats
  • Les procédures d'embauches et d'onboarding

Et qu'on le veuille ou non, un recruteur aura des moments privilégiés pour réaliser certaines actions. Ainsi, on sait que la plupart des entretiens se feront sur la pause déjeuner ou le soir parce que les candidats travaillent en journée et ont peu de disponibilité. À ça s'ajoute la croyance qu'un candidat en poste est probablement meilleur qu'un candidat au chômage. Idem pour les sessions de préqualifications téléphoniques, un recruteur aura sans doute plus de chance d'échanger avec un candidat sur des temps "off" (matin, midi et soir).

Ce ne sont pas les actions en elles-mêmes qui posent soucis, mais leur répétitivité, qui crée une certaine lassitude chez les recruteurs. Routine qui peut parfois leur donner le sentiment de se transformer en robot et de jouer le remake d’”Un jour sans fin”.

(Il se peut que la référence de ce film de 1993 vous échappe. Et c’est ok. Ça veut dire que je prends un gros coup de vieux, mais c’est ok 😅)

Problématique n°3 : Les recruteurs sont peu et/ou mal considérés en interne et en externe

Qui n'a jamais entendu un Hiring Manager se plaindre du recrutement ? Ou un candidat se plaindre d'un recruteur ? Cela provient essentiellement d'une mauvaise compréhension du rôle des recruteurs et/ou d'un mauvais positionnement interne.

Les Hiring Managers et les candidats ont souvent une vision tronquée du recrutement avec une image du recruteur exécutant (côté manager) ou du recruteur tout-puissant (côté candidat). Hélène Ly en parle régulièrement sur LinkedIn dans des posts qui remettent l’église au centre du village. Et ça fait du bien !

les recruteurs sont peu ou mal considéres en interne et en extene

En réalité, le rôle du recruteur est de créer le dialogue entre l'entreprise et le candidat pour trouver une adéquation entre les deux. Si ça match, c’est parfait, si ça ne match pas, autant faire en sorte que l’expérience soit la plus positive pour tous : les candidats non retenus, les parties prenantes au process de sélection et les recruteurs. Car oui, la personne qui est en 1ère ligne de front c’est le recruteur.

  • Celui qui dit plus souvent “non” que oui, c’est le recruteur.
  • Celui qui va devoir trouver les bons mots pour ne pas heurter le candidat, c’est le recruteur.
  • Celui qui va devoir entretenir le lien avec le candidat non retenu (vivier), c’est le recruteur.

Le recruteur n’est pas magicien, ni barbare. Il n’aime pas ghoster, ni faire patienter 3 ans un candidat, ou ne pas savoir quoi donner comme feedback, et encore moins se prendre la foudre par un manager mécontent du peu de CV ou d’entretiens.

Cette vision partielle et décalée de la réalité n'aide pas à la valorisation de la fonction. Résultats des courses, cela se ressent dans le quotidien des recruteurs. Face à une pression constante et un marché de plus en plus tendu, certains en arrivent à se poser de sérieuses questions sur leur avenir professionnel.

Quelles sont les conséquences ?

On va se dire les choses franchement, un recruteur qui commence à perdre le fil de ses actions et l'amour du métier est un futur mauvais ou ex-recruteur. C'est vraiment important d'en prendre conscience, car un recruteur mal dans son job reste un collaborateur non satisfait. Et que font les salariés qui ne s'épanouissent pas ? Ils s'ennuient ou s'en vont. Dans tous les cas, leur niveau de productivité et de bien-être n'est pas au rendez-vous ❌.

Étape 1 : Les recruteurs perdent de vue le sens de leur action

Une des missions des recruteurs est de donner envie aux candidats de postuler pour devenir de futurs collaborateurs. Le recruteur est donc une partie moteur, pas un frein. De fait, les recruteurs qui ne sont plus motivés ou qui agissent machinalement (sans envie, sans entrain) auront plus de difficultés à attirer des candidats. La concurrence est rude et souvent les recruteurs sont les 1ères personnes avec qui le candidat aura un échange. C’est un instant décisif où le recruteur a la lourde tâche de créer OU de confirmer une bonne / mauvaise impression (si le candidat connait déjà l’entreprise en amont). Les recruteurs qui perdent de vue le sens de leur action ne travaillent pas dans les conditions optimales. Comment peuvent-ils donner envie de rejoindre l’entreprise si eux-mêmes ne s’y sentent pas totalement alignés ?

Étape 2 : Les recruteurs deviennent des monstres du recrutement

Répercussion directe de la perte de sens, les recruteurs enchainent les tâches et les missions tels des robots. Ils se lassent de leur métier et deviennent des monstres du recrutement alors que ça n'a jamais été leur objectif de départ. Or, ils oublient qu'ils ont un impact direct sur la vie des candidats et de l'entreprise. Et oui, proposer un job à quelqu’un ça peut changer sa vie. Ne pas lui donner de réponse post-entretien, ne pas bien le considérer, aussi.

Les monstres du recrutement sont des recruteurs qui n’ont plus envie de faire d’efforts :

  • Ils en ont marre de recevoir des demandes impossibles à satisfaire
  • Ils saturent des mauvaises pratiques du recrutement
  • Ils n’arrivent plus à contacter des candidats

Bref, ils font semblant, ils donnent le change mais au fond d’eux, être recruteur devient de plus en plus pesant et difficile au quotidien.

Pour savoir si vous êtes devenu un monstre du recrutement, n'hésitez pas à écouter l'épisode de podcast sur Tous Recruteurs.

Étape 3 (pas systématique) : Les recruteurs font des burn-out

Pour reprendre les propos de Marie-Sophie Zambeaux : "10% des salariés français ont fait, sont en train de « vivre » ou vont faire un burn out au cours de leur parcours professionnel. C'est phénoménal et loin d’être « anecdotique » en France."

L'épuisement professionnel touche tout le monde, sans distinction, recruteur compris. C'est un sujet qui reste un tabou 😱. D'ailleurs, si vous tapez "recruteur" AND "burnout" sur Google ou sur LinkedIn, vous trouverez des contenus sur comment parler du burnout pendant un processus de recrutement et des conseils pour les candidats, mais rien sur les recruteurs qui craquent.

Pas de statistiques ou d’études en lien avec cette problématique. Pourtant, à la lecture de différents posts, on comprend que certains recruteurs sont passés par l’étape burn-out ou connaissent quelqu’un qui connait quelqu’un qui …

Étape 4 : Les recruteurs désertent le recrutement

Qui peut rêver d'un job avec zéro valorisation, un maximum de pression et de mauvaises conditions d'exercice ? Personne. Finalement, les recruteurs qui manquent de reconnaissance, qui ont perdu de vue le sens de leur métier, ou qui sont au bord de l'épuisement professionnel finissent par être lassés et dégoutés du métier. Qui ne le serait pas ? Ce qui nous amène à la dernière étape du processus : les recruteurs quittent le navire et désertent le métier.

Si on associe le fait qu’un tiers des recruteurs y songe et que la fonction est en perte d’attractivité, nous voilà face à un problème de taille. Surtout dans un contexte où recruter n’a jamais été aussi difficile et essentiel. Pôle Emploi annonçait par exemple 3 046 000 projets de recrutements en 2022 (soit + 12% qu’en 2021).

Comment renverser la vapeur avant qu'il ne soit trop tard ?

Comment prendre soin de ses recruteurs ?

C'est LA question à se poser et l'urgence du moment. Je ne pense pas qu’il existe de recette magique, juste des éléments de bon sens à activer. Le bien-être des recruteurs repose sur 3 piliers.

1. La reconnaissance

Le recrutement est une fonction exigeante. Les recruteurs ont besoin d'être entendus, accompagnés et soutenus pour faire face à leurs défis du quotidien. C'est un 1er pas essentiel. La reconnaissance passe également par d'autres éléments : une valorisation de la fonction en interne, des avantages financiers, une sensibilisation des équipes managériales aux problématiques de recrutement, des évolutions de carrière possibles et le déploiement d'un recrutement collaboratif. Il est grand temps d'arrêter de dire que le recrutement est une fonction support. Le recrutement est une fonction Business.

2. La formation

La formation est un autre élément essentiel du bien-être des recruteurs. La fonction est en constante évolution et demande une maîtrise toujours plus pointue de compétences techniques et comportementales : sourcing, IT, copywriting, storytelling, personal branding (ça fait beaucoup de ing !). La formation est donc un levier gagnant-gagnant pour développer la fonction et ainsi pérenniser le métier. Investir sur des formations vraiment adaptées aux recruteurs est aussi une façon de leur témoigner de la confiance et de la reconnaissance.

3. Les conditions d'exercice

Ce troisième pilier est symptomatique de la mutation de la fonction. Les recruteurs sont en charge d'une mission de plus en plus complexe et stratégique pour les organisations, et ils doivent gérer des enjeux de plus en plus importants. La qualité du travail est un facteur clé du bien-être, aussi bien pour le recruteur que pour le candidat. Les conditions d'exercice sont donc primordiales. Il faut être en capacité d'optimiser les processus, de rationaliser les outils, de favoriser un équilibre pro / perso, d'utiliser des KPI vraiment utiles. Bref, un recruteur ayant les bons outils, la bonne organisation et les moyens de réaliser comme il faut, sans une pression excessive, son métier, est un recruteur heureux.

Nous arrivons au terme de cet article, et je dois avouer que je reste un peu sur ma faim. J’aimerais profondément apporter plus de soutien et d’écoute aux recruteurs qui se sentent seuls, incompris, en perte de sens sur leur métier. J’espère que cet article permettra aux dirigeants de se poser les bonnes questions et surtout de passer à l’action pour offrir à leurs équipes une merveilleuse expérience recruteur car tout est lié : expérience recruteur + expérience candidat + expérience collaborateur.

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À propos de l'auteur·e
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