Mieux présenter l'entreprise pour attirer les bons candidats

Oriane Santhasouk
Mieux présenter l'entreprise pour attirer les bons candidats

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Tu ne t’en es peut-être jamais rendu compte… mais la façon dont tu présentes ton entreprise n’est peut-être pas la plus engageante.

Et c’est normal. Personne ne t’a vraiment appris à faire autrement.

On t’a dit de mettre en avant la mission, de parler des valeurs, d’expliquer l’organigramme et les objectifs.

Mais rarement de raconter des histoires !

Celles des personnes qui travaillent dans ton entreprise. De ce qu’elles vivent, de ce qui les anime, de ce qui rend leur quotidien unique.

Et pourtant, c’est ça qui fait la différence.

Parce que notre cerveau est fait pour ça : il retient les histoires, pas les faits.

Pas les chiffres, ni les dates, ni les grands principes.

Dans cet article, on va parler de storytelling en recrutement.

Pourquoi ça marche, comment l’utiliser simplement, et comment en faire un vrai levier pour donner envie, créer du lien… et mieux recruter.

Pourquoi choisir de raconter plutôt que de décrire ?

Alors pourquoi intégrer du storytelling dans ton recrutement ? Pour au moins 4 bonnes raisons :

Raison n° 1 : Humaniser ta marque employeur

Quand tu racontes des histoires vécues, tu incarnes ton entreprise. Tu ne parles plus d’une “culture” abstraite rédigée par le service com’, ni d’une “vision” un peu perchée sortie d’un séminaire stratégique.

Tu rends réelles les personnes qui font tourner l’entreprise au quotidien. Beaucoup plus facile de se connecter avec ces personnes de la vraie vie, qu’avec des slogans.

Raison n° 2 : Inspirer confiance

Le discours institutionnel, il est maîtrisé, formaté… et souvent un peu trop lisse pour vraiment convaincre. On sent que chaque mot a été pesé, validé, corrigé. C’est propre, mais ça manque de chair.

À l’inverse, quand tu racontes une anecdote concrète, tu t’engages. Tu cites des prénoms, des faits, des situations précises. Tu ne peux pas enjoliver à outrance, parce que c’est vérifiable. Et surtout, tu ne parles plus “à la place de”, tu parles “au nom de” — ce n’est pas rien.

En faisant ça, tu crées un lien de confiance. Tu montres que tu assumes ce que tu dis, que tu connais les gens avec qui tu travailles, et que tu es prêt à les nommer. Ca a bien plus de poids qu’un discours corpo “parfait sur le papier”.

Raison n° 3 : Attirer les bonnes personnes

En parlant de la vraie vie dans l’entreprise, tu attires des gens qui s’y reconnaissent. Tu poses un filtre naturel : celles et ceux qui n’auraient pas aimé vivre ce que tu racontes passent leur chemin, et c’est très bien comme ça.

À l’inverse, ceux à qui ça parle, ceux que ça motive ou que ça fait sourire, se projettent. Et c’est exactement ce que tu veux : des candidat·es qui se sentent déjà un peu chez eux avant même d’avoir postulé.

Raison n° 4 : Créer un lien émotionnel

Un bon storytelling, ce n’est pas juste “agréable à lire” ou “sympa à écouter”. C’est un récit qui déclenche quelque chose chez la personne en face : une émotion, une image mentale, une projection.

Et c’est exactement ce que tu veux : que le ou la candidate se dise “je me vois bien dans cette équipe”, “je me reconnais dans ce qu’ils vivent”.

C’est quoi le storytelling en recrutement ?

Si tu dois retenir une seule chose de cet article, c’est cette phrase :

Les faits c’est chiant ; les gens, c’est attachant.

Tout est là.

C’est une manière de raconter ton entreprise à hauteur d’humain.

Dans le recrutement, on a souvent tendance à empiler les faits : nombre de salariés, technos et outils utilisés, process internes, valeurs affichées au mur… Mais soyons honnêtes : tout le monde dit à peu près la même chose.

Ce que les candidats retiennent, ce sont les histoires. Et cette différence d’angle change tout. Elle rend ton message plus sincère, plus mémorable et plus engageant.

Et concrètement, ça donne quoi ?

Tu te demandes surement à quoi ça ressemble, le storytelling dans la vraie vie.

Alors je vais te montrer des exemples que j’ai moi-même utilisés, dans des contextes très différents :

  • Une usine agroalimentaire qui embouteille de l’eau de source (Carola).
  • Une enseigne de bricolage bien connue (Leroy Merlin — faut-il vraiment les présenter ?).
  • Et même un message d’approche en ESN, quand je recrutais dans la tech.

Parce que non, le storytelling ne se limite pas à la façon dont tu présentes ton entreprise en entretien.

Il s’invite partout : dans une annonce, un message LinkedIn, une page carrière…

A chaque fois que tu prends la parole, en vrai ou en ligne, tu peux choisir le ton Descriptif ou le ton Narratif.

Et je te le garantis : l’effet n’est pas du tout le même.

Les exemples

Avant de te montrer ce que peut donner une version storytelling, posons les bases.

Quand tu veux présenter ton entreprise, en général ça commence comme ça. Tu ouvres Canva, tu mets “Fondée en 1920… présente dans 20 pays… chiffre d’affaires… valeurs…”

Et tu te retrouves avec ça :

Exemple 1 : présentation de Leroy Merlin

Leroy Merlin est une enseigne française de grande distribution spécialisée dans le bricolage, l’aménagement et la décoration de la maison.

Fondée dans les années 1920, l’entreprise prend son nom actuel en 1960 et ouvre le premier magasin en libre-service en 1967.

Rachetée en 1981 par la famille Mulliez, elle devient la tête de pont du groupe Adeo.

Leroy Merlin est aujourd’hui présente dans une vingtaine de pays et réalise 8,5 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2024.

Elle figure parmi les leaders mondiaux du secteur, avec un modèle reposant sur la grande surface de bricolage, la formation interne, et une forte implication des salariés.

Bref : ambiance fiche Wikipédia, propre mais sans saveur.

Maintenant, voyons ce que ça donne si on raconte la même entreprise, mais à travers une histoire :

Juste après la première guerre mondiale, la famille Leroy revend les surplus de l’armée américaine dans un petit magasin du Nord.

Le fils, Adolphe, reprend le flambeau. Il épouse Rose Merlin, et ensemble, ils sentent le besoin d’un monde qui reconstruit.

Ils vendent matériaux, meubles, chalets démontés : le bricolage arrive chez les particuliers.

Petit à petit, ils inventent un nouveau commerce, simple et accessible.

Et c’est en mêlant leurs deux noms qu’ils créent Leroy Merlin : une marque née d’un couple, d’une intuition … et d’un besoin d’avenir.

Alors, qu’est-ce qui change ?

Tu passes d’un texte froid à une histoire qui vit. Tu ne retiens pas les dates, ni les milliards d’euros. Mais tu retiens que Leroy Merlin, à la base, c’est une histoire d’amour et de débrouille.

Et là, tu viens de connecter avec la marque.

Et puisque ça marche pour une enseigne grand public, voyons ce que ça donne avec… de l’eau en bouteille.

Exemple 2 : Présentation de Carola

Carola est une entreprise spécialisée dans l’embouteillage d’eau de source.

Fondée il y a 130 ans, elle opère sur le territoire alsacien. Elle commercialise plusieurs types d’eaux : plate, gazeuse, et aromatisée. Toutes les références sont issues de la même source et sont 100 % naturelles.

La société détient une position de leader sur le segment des eaux gazeuses dans la région Grand Est. Elle est distribuée dans la grande distribution ainsi que dans la restauration.

L’eau possède un profil minéral équilibré, compatible avec différents types de consommation. Carola développe également des produits dérivés non sucrés dans une optique d’élargissement de gamme.

L’entreprise communique autour de valeurs de partage, de plaisir et de convivialité. Elle est identifiée comme un acteur local par une partie des consommateurs.

Bref : une eau, des qualités, des valeurs… mais zéro émotion.

Apparemment, la convivialité est restée dans la bouteille.  Elle n’a pas réussi à se verser dans la présentation. 🙃

Une version avec stoytelling :

À la fin du XIXe siècle, un médecin, le docteur Staub, part à la recherche d’une source dont parlent les légendes alsaciennes.

Il s’installe à Ribeauvillé avec sa femme, Caroline, et il consacre tout son temps et tout son argent à cette quête.

Et un été, enfin … la source jaillit. Il l’appelle Carola, en hommage à Caroline, son soutien indéfectible. L’année suivante, ils ouvrent ensemble un domaine thermal.

Carola devient un lieu de soin, de culture, de rencontres. Un endroit où on vient autant pour guérir que pour vivre.

À la base, Carola, c’est pas une marque d’eau. C’est une longue quête, portée par une belle histoire d’amour.

Alors, qu’est-ce qui change ?

On oublie la fiche technique, on entre dans une légende.

Tu ne retiens pas le “profil minéral équilibré”, tu retiens le docteur, la source, et Caroline.

Exemple 3 : un message d’approche

Et parce que le storytelling ne se limite pas aux grandes présentations d’entreprise, voici un dernier exemple, ultra quotidien : un simple message d’approche.

Ce message, je l’ai réellement utilisé quand je recrutais dans la tech, en ESN. Rien de révolutionnaire sur le fond… mais observe la forme.

Bonjour Olivier,

Merci pour votre retour, ça a l'air d'être des projets intéressants ! Votre CDD va jusqu'à quand ?

Vous vous en doutiez peut-être, en tant que recruteuse ma prise de contact n'était pas tout à fait désintéressée ^^

Je travaille avec SB, directeur d'agence, et Romain P, qui est chef de projet chez Sully Group.

Romain recherche un expert technique pour être son bras droit au sein d’une équipe de 8 développeurs et lead devs.

Ils développent des applications pour le secteur public, elles ont un vrai impact sur le quotidien des gens : grâce à eux, les étudiants perçoivent leurs bourses scolaires ; les lycéens étudient dans des établissements rénovés ; des personnes en situation de handicap sont accompagnées vers le monde professionnel…

Bref, ce sont des projets qui ont du sens, même en période de crise sanitaire ;)

Sur le plan technique, ils travaillent surtout en PHP avec Symfony 4.4.

Je vais être franche avec vous ; j'ai déjà montré votre profil à Stéphane et il était très intéressé par vos expériences.

Est-ce que c'est le genre de poste qui vous intéresserait ?

Si ça vous dit, on pourrait s’appeler jeudi ou vendredi, pour savoir si nos projets pourraient coller ?

Pourquoi ça marche ?

  • Je parle de vraies personnes, avec leurs prénoms, leurs rôles. “Stéphane, directeur d’agence”, “Romain, chef de projet” : l’entreprise n’est plus un logo flou, c’est une équipe qu’on peut imaginer.
  • J’utilise un ton honnête et complice : je dis ce que je fais, je ne cache pas mon intention. Résultat ? Je gagne en crédibilité.
  • Je mets le paquet sur l’utilité sociale des projets. Je sais que ça ne parle pas à tout le monde. Tant mieux. Ceux à qui ça parle se reconnaîtront tout de suite, et auront envie de creuser.
  • J’aide les personnes à se projeter dans des scènes qu’ils peuvent rendre possible avec ces projets : des étudiants qui reçoivent leurs bourses, des lycéens dans des écoles rénovées, des personnes handicapées accompagnées vers l’emploi… Je partage du quotidien des utilisateurs finaux. Pas dans une fiche de poste impersonnelle.

Les ingrédients (très concrets) pour abandonner le ton descriptif

Pas besoin d’être romancier ou copywriter. Pour bien raconter, il suffit de te poser les bonnes questions.

1. Qui sont  tes personnages ?

Un bon récit commence toujours par quelqu’un. Alors, qui est concerné ici ? Qui porte le projet ? Qui va bosser avec la personne qu’on recrute ?

Donne un prénom, un rôle, une personnalité. Une petite anecdote si tu en as une.

Et surtout : sors des intitulés de poste. Personne ne s’attache à un “Chef de mission middle management transverse”.

2. Quel est ton contexte initial ?

Dans quelle phase vous êtes ? Pourquoi tu recrutes ? Un nouveau client ? Un départ ? Une croissance à absorber ? Une galère à résoudre ? Pourquoi ce poste existe maintenant ? Qu’est-ce qui a bougé ?

3. Quel est le défi à relever ?

C’est quoi, le vrai challenge derrière ce poste ?

Un projet en retard ? Une équipe à embarquer ? Une techno à apprivoiser ?

Qu’est-ce que la personne va devoir faire bouger, faire tenir, faire progresser ?

4. Pour quel enjeu fort on veut se battre ?

À quoi ça sert, tout ça ? Ce poste, cette mission… qui ça aide ? Qui ça impacte ? Qu’est-ce que ça change si ça réussit ?

Tu ne cherches pas à remplir un poste. Tu cherches quelqu’un pour faire une vraie différence, même petite. Montre-la !

5. A quelles difficultés ou contraintes il faut s’attendre ?

Dis la vérité. Pas besoin d’en faire des tonnes, mais ne vends pas du rêve.C’est intense ? C’est flou ? Il y a des bugs ? Des clients imprévisibles ? Dis-le.

6. Vers quoi la personne peut se projeter  ?

Et après ? Si ça se passe bien, on va où ? Tu proposes quoi à 6 mois ? À 1 an ? Quel chemin possible ? Quelles portes ça peut ouvrir ?

Et si tu arrives à répondre ne serait-ce que 3 ou 4 de ces questions, tu pars bien !

Conclusion

Le storytelling, ce n’est pas une technique fumeuse réservée aux pros du marketing.

C’est une façon plus humaine de raconter ce qui se vit dans ton entreprise.

Il suffit juste d’observer et de remettre les gens au centre.

Je suis curieuse de savoir si ça t’a parlé et si tu as déjà testé ce genre d’approche dans tes recrutements !

Pour en discuter, challenger l’article ou partager tes propres exemples, mes DM LinkedIn sont ouverts.

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À propos de l'auteur·e
Oriane Santhasouk
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