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Dans l'imaginaire collectif, les Ressources Humaines sont là pour gérer, écouter et encadrer. Mais que se passe-t-il lorsque ceux qui doivent soutenir les équipes sont eux-mêmes au bord du gouffre ?Le dernier épisode de la web-série Étage RH, intitulé "Burn-out RH — Qui garde les gardiens ?", brise l'omerta sur la santé mentale des professionnels RH et recrutement. Entre injonctions paradoxales, violence émotionnelle et surcharge administrative, l'épisode dépeint avec justesse et humour noir une réalité souvent ignorée : la souffrance des "gardiens" de l'entreprise. Voici ce qu'il faut retenir de cet épisode percutant.
Le syndrome de l'imposteur et la dissonance cognitive
L'épisode s'ouvre sur une scène forte : un cercle de parole façon "Alcooliques Anonymes", où les protagonistes (Marie-Sophie, Anaïs, Sandrine, Arnaud, Hélène, Marie-Sophie et Loubna) avouent leurs craquages. Ce segment met en lumière la dissonance cognitive permanente du métier.
Les RH sont théoriquement là pour l'humain (QVCT, développement des talents, …), mais la réalité est tout autre :
• Plus de 50 % du temps est absorbé par l'administratif pur.
• Ils doivent appliquer des décisions qu'ils n'ont pas prises (licenciements, gels de salaires).
• Ils naviguent à vue, souvent sans budget ni outils, devant gérer des enjeux stratégiques avec des "bouts de ficelle" (ou des tableaux Excel "faits au bon sens").
Le constat : Le RH est pris en étau entre la direction (qui exige des coupes budgétaires) et les salariés (qui expriment leur colère).
La recette du burn-out des RH et des recruteurs : les 4 étapes de la chute
L'une des séquences clés de l'épisode, présentée par Bérangère sous forme d'émission culinaire satirique, décortique le mécanisme insidieux de l'épuisement professionnel. Le burn-out ne survient pas du jour au lendemain ; c'est un processus lent.
Voici les 4 étapes de l'épuisement identifiées dans l'épisode :
- L'enthousiasme (la lune de miel) : Le RH est dynamique, engagé, accepte la surcharge par passion et envie de bien faire. Il se sent utile.
- Le surinvestissement : La charge devient ingérable mais jamais priorisée. Le professionnel travaille soirs et week-ends, renonce à la déconnexion et encaisse sans perspective de reconnaissance.
- La désillusion (le brunissement) : Le cynisme s'installe. L'isolement grandit. Les troubles physiques (sommeil, tics nerveux) apparaissent.
- L'effondrement (la calcination) : Le corps lâche. Plus de motivation, juste une fatigue immense. Le "gardien" ne peut plus se lever.
Le "RH Bashing" : Un métier surexposé à la violence
L'épisode insiste sur un point crucial : la solitude face à l'agressivité. Que ce soit sur LinkedIn ou en interne, les RH sont souvent les boucs émissaires des dysfonctionnements de l'entreprise. Traités de "complices", de "robots déshumanisés" ou de "bras armé de la direction", ils encaissent une violence émotionnelle forte. Cette exposition constante, couplée à une position d'isolement (ils ne peuvent se confier ni aux salariés ni à la direction), crée un terrain fertile pour les risques psychosociaux.
Conclusion : vers une supervision des RH comme en psychologie ?
La question centrale de l'épisode, "Quis custodiet ipsos custodes ?" (Qui garde les gardiens ?), trouve une ébauche de réponse en fin d'épisode.
Pour sortir de cette spirale, les personnages suggèrent de s'inspirer des métiers de la psychologie en instaurant de la supervision. Accompagner l'humain est un métier à impact qui nécessite de la formation continue, un cadre de protection, des espaces de parole sécurisés et une reconnaissance de la charge mentale associée.
Les RH sont des personnes normales, pas des robots. Il est temps d'en prendre soin pour qu'ils puissent, à leur tour, continuer de prendre soin des autres.
Vous vous reconnaissez dans cet épisode ?
Le burn-out est silencieux et progressif. Si vous ressentez ces symptômes, n'attendez pas l'effondrement pour en parler. La communauté RH doit briser le silence.



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