Tu connais cette sensation ultra frustrante de finir une conversation, et de réaliser que tu n'as pas réussi à convaincre l'autre ? Et pourtant, tu étais persuadé·e d'avoir raison, armé·e jusqu'aux dents avec des arguments en béton ! Ça t'est déjà arrivé ?
Pour être honnête, ça m’est arrivé très - trop ! - souvent.
Et c’est ce qui m’a poussée à accepter immédiatement de participer à une journée de formation à la prise de parole en public, quand j’en ai eu l’opportunité !
C’est ce que je te raconte dans cet article.
Pourquoi la prise de parole est une compétence importante pour les recruteurs ?
Tu l’as compris, je ne parle pas simplement de produire des sons avec ta voix, comme on sait toutes et tous le faire depuis qu’on a 2 ans environ.
Je parle ici de prendre la parole avec clarté et conviction.
D’ailleurs, c’est ma définition toute personnelle d’une prise de parole réussie.
Lors de la formation, on a commencé par un tour de table. Chaque personne devait répondre à la question : “C’est quoi pour toi, une bonne prise de parole ?”
Alors je te le demande : C’est quoi pour toi, une bonne prise de parole ?
Je lève immédiatement le suspens.
Les 3 secrets d’une prise de parole réussie, ce sont :
- La préparation.
- La structure.
- L’authenticité.
🥇 Préparation.
En introduction de la formation, le coach nous demande de repenser à une prise de parole qu’on a réalisée et qui était importante pour nous.
“Qui était stressé, avant de parler ?”
On lève tous la main.
“Qui pense qu’il aurait été moins stressé, s’il avait été mieux préparé ?”
On re-lève tous la main.
Secret n° 1 d’une prise de parole réussie : la préparation.
Pourquoi se préparer ?
Le fait d’être bien préparé·e va t’aider à lever les plus grandes sources de stress.
- Tu as peur d’oublier des points importants → Avec une bonne préparation, tu connaitras tes arguments sur le bout des doigts et tu sauras les dérouler au bon moment.
- Tu as peur de ne pas savoir répondre à une question → Avec une bonne préparation, tu auras anticipé les objections et les questions potentielles,
- Tu as peur de perdre le fil de mes idées en cours de discours → Avec une bonne préparation, tu auras établi un fil conducteur clair. Il sera ton guide et ton filet de sécurité.
- Tu as peur de parler d’une manière monotone et ennuyeuse → Avec une bonne préparation, tu auras pris le temps de travailler aussi la forme : le ton, le débit… qui donnent cette impression de dynamisme.
- Tu as peur de ne pas bien être compris par l'audience → Avec une bonne préparation, tu auras réfléchi et adapté le niveau de ton langage à ton auditoire.
Secret 1 bis : L’entraînement. La préparation, c’est la théorie. Mais pour être vraiment prêt·e, il faut pratiquer.
Les bonnes pratiques :
👉 Bloque du temps spécifique pour préparer tes interventions
👉 Utilise des checklists pour t'assurer que tous les points clés sont couverts.
👉 Anticipe les objections et les questions, et prépare des réponses.
👉 Répète à voix haute si tu en ressens le besoin ou si tu as besoin de réduire le stress.
👉 Prends le réflexe de noter, même très succinctement, les points clés que tu veux aborder
Secret n° 2 d’une prise de parole réussie : la structure.
Pourquoi structurer ?
La structure, c’est ton GPS : elle te garantit que tu ne vas pas te perdre, ni faire des kilomètres de détour.
Elle sert aussi à organiser tes idées et à rendre ton message plus clair
C'est également un vrai booster de confiance pour toi : quand tu es sûr·e de ton "itinéraire", pas de bafouille, tu sais où tu vas et ça se voit, parce que tu y vas avec aplomb.
Autre avantage de la structure : tu peux mieux gérer ton temps. Tu sais quel point aborder, à quel moment, et combien de temps y consacrer.
Et si jamais tu dois improviser un peu ? Aucune panique, tu as de la flexibilité pour ajuster ton discours, tout en restant cohérent·e. Point suivant, et ça déroule.
On voit aussi qu’un discours structuré est mieux compris et mieux retenu par l’auditoire. Les points clés s’enchainent de manière logique, ils sont illustrés par des exemples qui donnent encore plus de puissance.
2 structures à voler appliquées au recrutement
Structure 1 - L’art du pitch
Le pitch, c’est le format court et impactant par excellente. Dans le recrutement, tu l’utilises tous les jours, peut-être même sans t’en rendre compte.
Quand l’utiliser ?
- Pitcher l’entreprise ou le job à un candidat,
- Pitcher un candidat à un hiring manager,
- Pitcher une méthode ou une technique de recrutement à un client ou un hiring manager.
La structure du pitch
Savoir pitcher est super utile, mais attention, il a vite un petit côté "vente" qui peut ne pas passer dans toutes les situations.
Si tu le déroules mot pour mot, ça peut faire un peu trop plaqué, comme si tu essayais de vendre quelque chose de manière un peu forcée.
Pour éviter que ça sonne faux, adapte ton approche en fonction de la situation, garde ça flexible et prêt à l'échange !
1. Une ouverture percutante
Commence fort en ciblant précisément ton auditoire. Pose une question qui interpelle ou cite un fait marquant qui concerne directement ta cible.
La personne doit se dire “Oh ! C’est pour moi !”
2. Le problème que tu résous
Identifie clairement la principale préoccupation de ton interlocuteur·trice. Ça montre que tu comprends ses problèmes / problématiques, et que tu es là pour trouver des solutions.
3. La solution proposée
Décris comment tu peux résoudre ce problème. Sois spécifique et montre en quoi ta solution est efficace.
4. L’appel à l'action
Termine par une note proactive. Quelle est la prochaine étape ? Assure-toi que ton interlocuteur·trice sait exactement ce qu'il·elle doit faire après que tu aies fini de parler.
📝 Exemple - je pitche la méthode de l’entretien structuré à un(e) manager
1. On devrait recruter à pile ou face, ça serait pareil. Regarde, on a 50 % d’échecs de recrutement en 2024.
2. On a un problème d’évaluation des compétences en entretien, Michel·e. On n’embauche pas les meilleurs candidats.
3. Il y a une méthode pour standardiser les questions et utiliser des critères équitables pour tous les candidats. Ça améliore la fiabilité des évaluations, et en plus ça renforce l'impartialité du processus de recrutement.
4. Je pourrais te présenter la méthode de l’entretien comportemental mardi prochain. Avant ou après le déjeuner ?
Bon, ok l’appel à l’action est un poil forcé. 😂 Mais tu vois l’idée ?
Structure 2 - La structure magique
Quand l’utiliser ?
Quand tu as besoin d'être convaincant·e sans sonner trop "commercial·e". Donc… tout le temps ?
Cette struture est dingue parce qu’elle fonctionne avec tout, et tout le temps.
Avec tes candidat·es, avec les manager, mais aussi plus largement en interne.
Et tu peux même l’utiliser en dehors de tes “prises de paroles” professionnelles.
La structure PREP
1. Point (P)
Commence par présenter clairement ton point principal. C’est ton argument phare, celui autour duquel va s’articuler toute ton intervention.
2. Raison (R)
Explique pourquoi ce point est important. Apporte des justifications basées sur des données, des études ou des observations pertinentes.
3. Exemple (E)
Illustre ton argumentation avec des exemples concrets. Cela peut être des statistiques, des anecdotes ou des études de cas qui démontrent l'efficacité de ton point.
4. Point (P)
Réitère ton point pour le renforcer. Utilise peut-être des synonymes ou reformule pour marquer les esprits et conclure fermement.
📝 Exemple - j’explique à JC qu’il faut arrêter de demander “Et sinon, qu’est-ce que vous aimez faire dans la vie ?”
(Jean-Claude, assieds-toi, faut que je te parle.
(P) Quand on reçoit un candidat en entretien, il faut qu’on arrête de l’interroger sur leurs loisirs.
(R) C’est illégal, selon le code du travail. Ce n’est pas pertinent pour évaluer les compétences. Et c’est une source de discriminations.
(E) Vraiment, qui pense sérieusement qu’une personne qui joue au foot, saura bien collaborer en équipe dans la vie professionnelle ?
(P) On arrête de poser ces questions et on réfléchit à des questions qui permettent vraiment d’évaluer les compétences ?
Quand on en est là, qu’on a une bonne préparation et une structure solide, on est déjà pas mal.
Mais le dernier secret va te permettre d’épicer le plat, de le rendre unique et de lui donner un maximum de saveur.
Secret n° 3 : Ajouter une dose d’authenticité
Je saaaais, l’Authenticité, on n’en peut plus.
On nous le sert à toutes les sauces - et surtout les plus indigestes depuis des années…
Pourtant, c’est bel et bien la clé pour créer un véritable lien avec ton auditoire.
Dans le recrutement, les discours corpo, trop lisses et trop vides sont légion.
En tant que recruteur·se, si tu te contentes de répéter le blabla sans saveur de la page enteprise, tu risques de passer inaperçu·e ou pire, d’avoir l’air interchangeable avec n'importe quel autre recruteur d'une entreprise concurrente.
C’est là qu’intervient… ton authenticité.
Parce que lorsque tu partages quelque chose de personnel, tu n'es plus seulement un·e
recruteur·se, mais une personne en qui on peut s'identifier et avoir confiance.
Concrètement, comment on fait ?
Tout simplement, en partageant une histoire vraie, en parlant de tes expériences personnelles ou en exprimant sincèrement ce que tu apprécies dans ton entreprise ou ta vie pro, tu crées une connexion bien plus profonde.
La structure d’une anecdote :
- Le contexte : Commence par expliquer le cadre de ton anecdote.
- Le challenge : Quel obstacle tu as rencontré ? Cette partie est importante car elle montre que tout n’est pas toujours parfait, ça humanise ton discours.
- La solution et l’impact : Comment tu as (ou comment l’entreprise a) surmonté ce défi ? Quels ont été les résultats ou les leçons apprises ?
📝 Exemple d’anecdote personnelle
(Contexte) Début 2018, j’ai été embauchée pour recruter 25 ingénieurs par an.
(Challenge) C'était loin d'être gagné : j'étais seule, c'était mon premier job de recruteuse, je n'avais AUCUN outil - à part Excel.
(Solution) Je me suis formée aux bonnes pratiques du recrutement. J’ai découvert une méthode pour m’aider à prendre les bonnes décisions, du brief jusqu’à la prise de poste.
(Résultat) Résultat : j'ai recruté + 100 ingénieur(e)s en informatique ; l'entreprise a triplé le nombre de ses salariés en 3 ans.
Avant de conclure, je rappelle que le secret 1 bis : la pratique est essentielle.
La plus grande valeur de la journée de formation était dans les mises en situations.
Pour la pratique personnelle bien sur, mais on apprend aussi énormément en observant les autres.
Ce que je retiens de la partie pratique :
- Si tu as oublié un point, pas de panique : il n’y a que toi qui le sait. Ça passera inaperçu pour ton audience, alors ne reste pas bloqué dessus.
- On évite les tics de langage qui vont minimiser tes propos, les mots comme : voilà, tout simplement, juste, un peu, peut-être, euh…
- Sur la forme, on pense à l’acronyme DIVASS : Débit - Intonation - Volume - Articulation - Silence - Sourire.
Enfin, si tu as enjeux particuliers ou si tu as envie d’aller plus loin sur le sujet, il existe des coachs, souvent freelances, spécialisés dans l’art oratoire qui pourront t’aider à développer cette compétence.
J’espère que ces petits conseils vont t’aider dans tes prochaines prises de parole !
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